L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

lundi 1 avril 2013

Remontée des rapides de la Nam Ou à travers la jungle, à la rencontre des villages ethniques

La Nam Ou est une rivière que certains qualifient de "plus belle" encore que le Mékong ou que l'Irawady. Elle prend sa source au Laos, à la frontière de la Chine et traverse une jungle profonde dans des décors époustouflants sur quelques 448km, avant de s'échouer dans le Mékong à hauteur des grottes de Pak Ou, près  de Luang Prabang.

Et pourquoi ne pas remonter la Nam Ou à travers la jungle, pour se rapprocher de la Chine, plutôt que de prendre des bus de ville en ville! L'idée vient de Catherine, mais était-ce bien réaliste?  Cela représentait plus de 16h de bateau, à remonter des rapides parfois importants, à travers une jungle profonde et en s'arrêtant dans des lieux à ce point reculés qu'on n'y accède parfois que par bateau.  Autour de nous, que des villages de minorités ethniques, Kamu sur les berges et Akha dans la jungle sur les hauteurs des majestueuses formations de karst.

Puisque nous aimons l'aventure et l'expérience authentiquement nature et culturelle, puisque les enfants sont en santé et près à assurer les heures de bateau et la marche, puisque nous sommes en compagnie de Max et Hélène, un gage de sécurité en cas de pépin, on fonce... droit devant... 10 jours dans les rapides de la Nam Ou. Nous naviguerons sur l'or et dans les algues vertes tant recherchées par les autochtones, à travers la jungle et à la rencontre des minorités ethniques, pour se rapprocher de la Chine !



Ce matin-là, nous sommes complètement excités.  Nous rejoignons le bateau que nous avons négocié à meilleur prix pour nos deux familles. Nous attendons patiemment que le "chao lao" passe pour savoir sur quel bateau monter. Le "lao style" est devenu notre "way of life". Verra qui vivra au jour le jour, et surtout sans se presser. Nous remonterons aujourd'hui de Luang Prabang à Nong kiaw. 7h de bateau nous attendent, nous ne savons pas trop quoi nous attendre.  Qu'à cela ne tienne... lao style !
Nos deux familles sur le quai d'embarquement.






Très vite nous apercevons au loin, des villages Kamu.
C'est l'aventure, mais les parents sont vigilants !
La rivière vit.  Certains pêchent des poissons jusqu'à 8 kg.

Les décors sont saisissants !
La jungle transpire une brume légère mêlée la fumée des brûlis.



Les dames cherchent l'or partout au fond de l'eau. Les chances d'en trouver sont minimes mais l'activité semble être devenue obsessionnelle pour beaucoup ici.
Ici on cherche des pépites parce que le mercure inexistant au Laos ne permet pas de transformer la matière en or.  La stature des vieilles femmes témoigne de leur dure vie, passée courbées dans l'eau à la recherche d'or et d'algues, ou à remonter les hottes de bois vers la maison.

Chaque panier de sable est déversé dans le plateau,
et trop rares sont les trouvailles...
mais l'activité est devenue comme "obsessionnelle".
Les autochtones les plus organisés construisent même des plateformes en plein rapides, avec des systèmes de fortune pour draguer les fonds là ou la chance leur sourira d'avantage.
Privées d'électricité, perdues au milieu de la jungle, la plupart de ces plateformes sont équipées de turbines qui fonctionnent comme de mini centrales électriques.

Nous sommes littéralement fascinés par les chercheurs d'or,
et par leur ingéniosité.  Ici une centrale électrique locale.
Sur le bateau, Max et Hélène préparent le pique-nique.
Le voyage à deux familles résonne pour nous comme une belle opportunité, celle de découvrir ensemble des réalités à travers des activités qu'on aurait pas osé/pu mettre en musique tout seul.  Leur deux années d'expérience du voyage, leur ouverture d'esprit et leur envie de partager leurs expériences autant que nous, nous font le plus grand bien.
Les enfants sont aussi ravis de cette rencontre et profitent des heures durant en jouant de leur côté nous laissant aussi quelques moments de calme et de repos que nous n'avions plus connu depuis 5 mois.  C'est aussi pour notre cocon familial une énorme bulle d'air indispensable... Aaaaah les amis, vous nous manquez !


On approche. Max et Cath recherchent un plan dodo.
Nous dormirons dans un endroit splendide, c'est sûr !
Mais au détour d'un rapide, une surprise ! Le seul bateau de touristes que nous croisons de la journée est coincés en plein rapide. Moteur calé et batterie plate, le bateau s'est échoué en plein rapide et tous ses occupants on du sauter à l'eau pour le retenir tant bien que mal.  Nous le relançerons en leur  prêtant notre batterie et tout le monde repart rassuré.
Les passagers retiennent leur bateau en panne en plein rapide.

Non loin les enfants pêchent avec masques et harpons.
Confection 100% bambou et caoutchouc + 3 pics de métal.
Les ethnies vivent ici de pêche, de chasse, de tissage, de récolte d'or et de d'algues.

Ici les femmes récoltent les algues.
Elles sont encore courbées dans ce dur labeur quotidien.
Les algues sont ramenées au village,
et séchées au soleil avec des morceaux de tomates et d'épices.
Nong Kiaw, nous voilà arrivés à bon port.
Vue du resto de notre guesthouse.
On respire le calme de l'eau et le silence de la montagne.
16h, jeux de plage et d'eau avec les enfants laos.



On croit rêver au milieu de ces blocs de karst majestueux.


On décide le lendemain de partir à vélo.  L'escapade ne sera pas de tout repos entre les montées et descentes interminables, sous un soleil de plomb qui nous assèche et nous assomme. Grosse frayeur avec Noé qui se prend un pied dans les rayons du vélo, un grand classique rencontré par plusieurs familles voyageuses. Mais tout va bien et on repart à la recherche de notre endroit de pique-nique.
Nous échouons sur une petite plage de caillasse au pied d'une chute d'eau aux abords d'un village d'une extrême pauvreté.  Les enfants au ventre trop rond, signe d'une malnutrition, nous regardent manger en tentant de voler quelques poissons aux eaux troubles et puantes de la rivière dans laquelle on se baigne. Cela nous gène un peu même si nous pensions nous être presque habitués à cette réalité rencontrée en Haïti et au Malawi.

Sur le chemin du retour, nous nous  arrêtons à des grottes qui ont servi de refuge entre 64 et 73, le temps que tombent sur le Laos 2 millions de tonnes de bombes, soit 500 kg/habitant déversés au cours de 580.000 missions durant la guerre du Vietnam.

La visite des grottes nous replonge dans l'histoire...
Les habitant trouvaient refuge dans ces grottes. 
Bien malgré lui, le Laos aura été le pays le plus bombardé par habitant, de l'histoire mondiale. 
Ici, une bombe à fragmentation qui aura disséminé 
670 "bombies" de la taille d'une balle de tennis, sur 5000m2... 
Plusieurs accidents sont encore recensés au quotidien 
et plus de 10 millions de bombes sont toujours enfouies au Laos.

Le sourire des Laos cache l'horreur de la guerre.
De retour, nous fatiguons un peu dans les côtes...

Les filles s'endorment sur les vélos...
Nous repartons 4 jours plus tard pour Muang Ngoi

1h30' de bateau sont au programme aujourd'hui !
Muang Ngoi est un village hyper tranquille qui compte une ruelle en terre, encore inaccessible par route et qui vit sans électricité.  Mais le développement est inéluctable.  Alors que les filles se réjouissent du mariage de Camille et Noé, les villageois poussent d'immenses cris de joie derrière nous, à l'installation du premier poteau qui supportera les futurs câbles électriques. L'instant est historique !

Le premier poteau électrique du village est planté ce matin.
Le lendemain, nous repartons en balade autoguidée.  Nous voudrions atteindre un petit village de l'ethnie Kamu à quelques 4 km de là.  Nous foulons les rizières dormantes au pieds de blocs de karst d'un noir éclatant et par endroit recouvert d'une verdure sauvage abandonnée à son état le plus primaire.


En route pour l'aventure à pied.
Traversée de ponts de bambou, de rizières et de rivières...



Visite d'une grotte en face d'une petite maison montée sur l'eau. La pisciculture est aussi pratiquée par ici.
En chemin, nous croisons une femme prête à accoucher, portée dans un drap suspendu à une perche de bambou. Une vingtaine d'hommes se relayent pour la porter sur les 4 kms qui les séparent du village le plus proche.  Il leur faudra encore descendre la rivière en bateau pendant 1h30' pour un dispensaire de brousse ou 8h30' pour l'hôpital le plus proche à Luang Prabang.  
Cette réalité nous glace un instant le sang en pensant à nos enfants... pourvu qu'il ne nous arrive rien ici... Mais s'en suit une nouvelle réflexion autour des extrêmes de confort et de sécurité entre ici et chez nous...
.

Arrivée au village de l'ethnie Kamu.
A notre arrivée au village, nous apprenons que la femme et les hommes que nous avons croisés viennent d'ici. Seuls restent les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les hommes sont partis avec tout l'argent pour payer l'accouchement de cette femme.  Ils n'ont même plus de change pour nous retourner la monnaie de notre achat de riz collant. 
La réalité n'arrête pas de nous interpeller et avec Max et Hélène, on s'y colle plus facilement (facilité logistique et sécu nous permettent d'en faire plus) et on partage d'extraordinaires moment de découvertes et de réflexions.

La pauvreté est marquante.

Sur le retour, pour avaler les 8km, Manon (le cheval Lili) entraînera toute la famille dans un jeu de cheval.  Nous galopons dans les rizières et nous surprenons tous à pousser des hennissement et cris de bêtes, abandonnés à ces instants précieux qu'on vit de plus en plus régulièrement et intensément en famille.  Les filles en raffolent et nous y prenons goût. La famille a grandi et la solidarité entre nous est devenue le maître mot dans les moments plus difficiles pour certains, comme cette marche de 8km sous le soleil.

Le lendemain, nous choisissons l'option kayak pour découvrir autrement la Nam Ou. Notre objectif est d'atteindre encore deux villages de l'ethnie Kamu.

 
Exploration et approche des buffles d'eau. Impressionnant !
A 11h ("lao style"), c'est balade en kayak.
Anouck et le guide sous son chapeau chinois.





Au 1er village, le riz sèche...
Peau de buffle séchée... C'est vraiment trash (goût de vomi)!
L'ail sèche...

Ici des écorces sont séchées et vendues aux chinois (avides de matière premières) pour le textile.
Notre passage éveille la curiosité.
Le poulailler local.
Au 2ème village, observation du tressage d'un panier à algues.

Ici, les habitants vendent du textile tissé à la main.
Les bébés dorment dans leurs paniers de bambou suspendus.
Matériel à pêcher, chercher l'or et travailler au champs.
Sur les berges, les Akhas remontent dans les villages de jungle.
Ils défrichent, chassent les animaux et y exploitent le bois.
4 jours plus tard, nous quittons Muang Ngoi pour Muang Kua, à 5h de bateau en amont. Les rapides sont de plus en plus impressionnants, mais ça passe !


C'est un petit retour à la civilisation avant les grandes villes. On retrouve les routes, l'électricité et les voitures... Nous logeons dans une sympathique guesthouse chez l'habitant qui nous prépare de bons petits plats laos,  nous bichonne/"torchonne" avec son lao lao (alcool de riz à 40°) et se montre extrêmement accueillant. Mais c'est aussi le début d'une virulente tourista pour Noé qui ne quittera pas sa chambre du séjour.
Nous n'aurons pas la possibilité de rencontrer les Akhas, perchés trop haut dans les montagnes, les enfants ne pourraient atteindre leurs villages.  Nous profitons de les rencontrer lors de leurs passages dans la vallée.

Ils redescendent dans la vallée pour achalander les marchés.
 Au menu de ce soir, civette, écureuil cuit ou serpent, peau de buffles rôtie, 
poissons ou têtes et trips de boeuf et cochon... 
Beurk s'écrieront les filles devant les étales.


Après avoir passé deux nuits à ne  pas dormir à cause du bruit du village et du pont suspendu que les motos traversaient à tue tête sur des lattes de bois bringuebalantes, nous mettons le cap sur Oudomxai où nous espérons trouver un bon lit, des nuits calmes et quelques bons petits plats. En route pour 3 heures de route sinueuse à travers de splendides décors de montagne.  
Nous voilà arrivés aux portes de la Chine... Ici, à Oudomxai les supermarchés chinois sont partout, on trouve de tout dans tout, que ça fait du bien parfois!

Le Laos, c'est magnifique, authentique et sauvage, mais c'est quand même vachement "rout's et aventures imprévisibles... Lao style !!! 



































1 commentaire:

  1. Anouck, est ce que tu te souviens de notre journée en Canoe l'été dernier? avec Bruno qui nous laissait partir? Je vois que tu as progressé! Bravo
    Bises a tous et vous aussi vous nous manquez!
    Les Damas

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