L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

lundi 5 novembre 2012

Rencontre exceptionnelle avec les enfants de la rue à Katmandou


Khushi (travail avec et pour les enfants des rues de Katmandou

On voudrait ici vous partager un moment très fort passé avec ceux qui entourent des enfants sans doute parmi les plus démunis au monde... Une réalité terrifiante, difficile à croire, encore plus difficile à voir et impossible à accepter...

Et pourtant, nous l'avons effleurée, elle est là, crue, vivante et humaine, autour de nous/vous. 

En voici un bref écho tout relatif...

Cyrille et William qui résident à Paris, se rendent régulièrement à Katmandou. Ils accompagnent les enfants des rues depuis 4 années maintenant.  Ils travaillent avec Santosh (chez qui nous étions invités pour le Dasain) qui se donne à plein temps ici pour porter soutien, attention, réconfort et secours à ces trop nombreux enfants au Népal.

Nous avons pu échanger avec eux trois et ils nous ont, ainsi qu'aux trois filles, expliqué au mieux la réalité de certains enfants des rues.  Evidemment, ce n'est que dans la rue que l'on peut le mieux comprendre. Avec Santosh, ils y passent tout leur temps.  

Nous tentons ici de vous résumer ce qu'ils nous ont appris de cette réalité que trop de gens d'ici ne veulent pas voir. C'est pour ça que toute les initiatives de ce genre sont entreprises par des étrangers. Nous reprenons aussi ci-dessous des informations  recueillies lors d'échanges avec les responsables d'orphelinats qui recueillent les enfants des rues.

Souvent très jeunes, vers 4 ou 6 ans, les enfants quittent leur domicile familiale de leur propre volonté ou forcés par leurs parents pour des raisons de maltraitance, d’alcoolisme ou de négligence parentale. Certaines mères ne peuvent plus s'occuper de leurs enfants suite à une séparation du couple. D'autres enfants (les derniers de grandes familles) sont recueillis par un oncle ou une tante, à défaut pour les parents d'avoir les moyens de s'en occuper.  Ils sont alors considérés parfois comme serviteurs voire comme esclaves. Plus rarement mais cela existent aussi, "les enfants dans la rue" côtoient "les enfants des rues" et, un jour, font le choix de les suivre alors qu'ils ont réconfort et soutien à la maison. Certains retournent visiter leurs familles à certaines occasions comme le Dasain.

Tous ces enfants-là prennent le chemin de la rue. Ils se lancent pour un meilleur ou pour un pire à venir... difficile à dire quand les réalités sont si dures d'un côté comme de l'autre. La majorité sont des garçons, mais ceci cache la réalité des filles qui continuent de travailler dans l'ombre comme esclaves ou prostituées.

Les enfants des rues ne vivent pas seuls. Ils rejoignent généralement un groupe et vivent en communauté plus ou moins organisée. Ainsi, un groupe se trouve à Patsupatinath, l'autre à Bodnath, un troisième à Swayanbunath (des lieux dont on vous parlent dans les articles du blog).  Mais d'autres encore dorment sous les ponts, par dessus les tas d’immondices, là même où les chiens n'iraient pas.  Nous avons vu des photos effrayantes...

Le jour, ils se trouvent des petits jobs.  A titre d'exemple, ceux que nous avons rencontré et que vous voyez dans l'article blog sur le Dasain vivent à Patsupatinath (cfr article sur les crémations).  Ils travaillent pour les familles des défunts, récoltent le bois et préparent les bûchers. D'autres gardent les chaussures à l'entrée des temples.  Certains travaillent encore pour des entreprises privées de recyclage.  Ainsi, là où nous logeons, chaque nuit des enfants font la rue pour ramasser les poubelles et les recycler chez un type qui les emploient.  Ces petits boulots leur rapportent parfois 300RN (3 Euros) par jour.  Mais c'est bien maigre comme ressources et cela ne leur apporte ni réconfort ni sécurité.  A défaut de petit boulot les enfants se lancent dans la mendicité. Nous avons aussi vu que certains d'entre-eux se mutilent au couteau pour attirer les regards.  Les plaies deviennent difficiles à soigner sur des peaux entaillées à plusieurs reprises au même endroit. Mais c'est le prix à payer pour survivre.

Puis, le soir, ils se retrouvent et se resserrent l'un contre l'autre pour se tenir chaud. Les températures peuvent descendre ici à 2 ou 5 C° en hiver la nuit. Sans couverture ni pull pour se tenir au chaud, la colle est aussi un refuge en fin de journée.  Ils s'en procurent pour 100RN (1€) le petit pot qui habituellement en coûte 30. Mais certains marchands de colle eux aussi profitent des enfants au passage. Un enfant a parfois besoin de 2 doses par jour, soit 200RN... il ne reste plus grand chose de ce qu'il a gagné en journée. La colle va dans un sac en plastic qu'il sniffe jusqu'à s'endormir. Certains enfants devenus ados sont déjà zombies. On croise leurs regards complètement évadés dans les rues de Tamel notamment. Ceux-ci ne se réveilleront plus.  Ils quitteront difficilement ou jamais la rue.

C'est entre 4 et 12 ans qu'on fait le meilleur travail avec les enfants des rues. Ils restent présents, répondent  au soutien que les organisations leur apportent, participent aux activités ou formations et font encore appel en urgence aux éducateurs de rues quand c'est nécessaire.

Mais ceux qui dépassent l'âge de 15 ans et sont toujours dans la rue, en sortiront difficilement.  La rue est devenue la maison et les copains la famille.  Leur identité propre ne tient plus qu'à cela. Leur personnalité est marquée par des réflexes et un modus vivendi qui ne changera plus guère. La rue et ses risques deviennent alors pour certains un choix, sans doute guidé par un instinct, quelque chose de viscéral qui dépasse leur raison de vivre ou de mourir. On ne peut leur en vouloir de ne pas se réinsérer. C'est trop difficile pour certains qui malgré des efforts pour y arriver, retrouvent la rue et leur liberté, malgré les risques et les dangers.

Seul, la vie dans la rue est trop dangereuse, insupportable voire mortelle. Les plus âgés sont les leaders. Les groupes de jeunes sont régulièrement raquettés par des grands ados ou adultes vivants aussi dans la rue.  S'en suivent alors les deals de drogue, la prostitution et les conséquences dramatiques qui s'en suivent pour leur santé. Beaucoup d'entre eux sont touchés par le Sida (cela dépend aussi des sites sur lesquels ils vivent, certains étant plus propices aux dealers et donc plus dangereux). Les traitement antirétroviraux sont à ce point exigeants à suivre qu'il est illusoire pour un enfants des rues de s'y tenir. De plus, les organisations qui procurent ces traitement gratuitement ne le feraient que pour 6 mois... 

Certains enfants parviennent à épargner un peu d'argent et le mettent de côté, soit auprès de celui qui les emploie, soit auprès d'une organisation qui organise des "dépôts" pour eux, soit ils le cachent à leurs risques et périls. Le plus compliqué est de garder des habits ou des objets personnels. C'est en fait tellement compliqué que les enfants des rues finissent par vivre avec... rien.  Certains on trouvé une cachette pour un bel habit qu'ils ne sortent qu'aux grandes occasions. Mais c'est difficile de garder un endroit secret dans une ville comme Katmandou ou tout grouille de partout.

Pour aider ses enfants dans leur quotidien, sans jugement de valeur sur les conditions dans lesquelles ils vivent et sur les raisons qui les poussent à rester dans la rue, des organisations de terrain organisent pour eux un soutien quotidien, de jour comme de nuit.  D'autres accueillent les enfants au sein d'orphelinats ou d'internat (cfr. article blog Marinka home et Sangrila home).  

Khushi a été créé par Cyrille, un français qui n'est pas resté indifférent à la dure vie des enfants lors d'un de ses passages au Népal. William l'a rejoint dans ce projet qui a maintenant 4 année de vie.  Santosh est permanent au Népal et travaille tous les jours sur le terrain pour apporter aux enfants soutien, réconfort, habits, nourriture, médicaments et soins. Ce que les enfants semblent préférer, ce sont les soins.  Une simple crème appliquée au visage leur donne un petit moment de bien-être qui sort du commun.
Les enfants ont dans leur poche le n° de Gsm de Santosh et peuvent l'appeler de jour comme de nuit en cas d'urgence. Un jour un jeune de la bande est renversé par une voiture. Les copains appellent Santosh.  Ils retrouvent le gamin gisant sur le trottoir, le crâne sanglant et le regard effacé. Personne depuis hier ne s'était retourné pour lui porter  assistance.  Santosh accompagne l'enfant à l'hôpital et s'assurera que les soins soient prodigués. Un autre jour un appel arrive au commissariat. Santosh s'y rend pour raisonner l'enfant sur ses bêtises et assurer une présence rassurante aussi.  Les policiers le prendront pour le chef de bande, le voilà bien mal reçu...  

Comme cela, Santosh est appelé en gros 5 fois par jour et parfois même la nuit.  Son métier c'est sa passion. William et Cyrille le soutiennent, 
tout aussi concernés et investis. 


Mais "Khushi " en népalais, cela veut dire "Joie" 
et celle-là, ici, personne ne veut l'oublier !

Sur le site de Khushi, http://khushihs4.wix.com/khushi#!, où vous trouverez d'autres infos intéressantes, allez dans galerie et sélectionnez les dernières vidéos.  

Un moment qui nous a retourné les trips...
Nous vous proposons de visualiser les films et peut être plus spécialement celui concernant les enfants de Patsupatinath. Il est prenant est parlant. 

Nous l'avons visionné en famille avec les explications en live de Cyrille, William et Santosh. 

Un moment prenant pour nous qui avions visité le temple quelques semaines auparavant. Nous les avons vu courir dans les gates.



et beaucoup de réconfort ensuite,
avec ceux là même qui ont quitté la rue !

Vous retrouverez aussi la petite Soustikat (en rose), son frère Koumar, Roma et Bibah, tous aujourd'hui sortis de la rue, scolarisés, soutenus par Khushi et la famille de Santosh.  C'est aussi avec eux que nous avons fêté le Dasain. 


Un moment exceptionnel, que nous avons tous vécu avec beaucoup d'émotions partagées ! Les filles en gardent un souvenir inoubliable.



Merci Cyrille, William et Santosh !
Bon vent à vos projet et beaucoup de "Khushi" pour votre belle famille ici à Katmandou !


Tous nos voeux de "Joie" pour ces enfants
sans doute parmi les plus démunis au monde !

Beaucoup de succès
dans les projets de ceux qui les soutiennent !

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