L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

dimanche 18 novembre 2012

Le Népal : Nos feedbacks et impressions après 5 semaines en chemin…

Voici un portrait très rapide et relatif de nos feedbacks et impressions du Népal



Un pays extrêmement pauvre
Nous n’avons jamais vu si peu de grosses voitures ou si peu de gros bâtiments modernes (ceux qui existent sont construits par les fruits de la corruption).  Rien ne témoigne d’un train de vie confortable même pour une minorité. Pourtant il existe bien des gens très riches, mais ils sont très peu et souvent corrompus.

Politique
Il y a tant de partis différents représentés au gouvernement qu’ils ont du mal à faire voter une constitution qui pourtant serait déjà écrite.  Tout est très lent.  Les maoïstes continuent d’opérer des pressions mais plus de façon armée.
Enclavé entre la Chine et l’Inde, le Népal semble craindre plus les Indiens que les Chinois.  La chaîne de montagne rend plus difficile les échanges avec la Chine.  Par contre, l’Inde est omniprésente. L’ambassadeur d’Inde est en contact quasi quotidien avec le premier ministre népalais. On dit ici qu'il dirige le pays en lieu et place du gouvernement.
Une seule route (le cordon ombilical du Népal) relie l’Inde à Katmandou et la quasi-totalité des produits manufacturés consommés au Népal viennent d’Inde.  Elle est à deux bandes, traverse des montagnes et est dans un état déplorable (30km de moyenne pour une jeep ou un bus). Il faut essayer de s’imaginer que tout le pétrole consommé au Népal arrive par camion via cette route… (les avions internationaux doivent atterrir à Kamtandou avec le fuel nécessaire pour repartir. Seuls les avions sur lignes intérieures sont autorisés à fueler).
De l’autre côté, les Chinois traversent l’Himalaya avec leurs produits par tous les moyens.  Les caravanes de Yacks chargées de chaises en plastique, c’est une réalité…
Le Népal est lui-même sclérosé par la corruption…

Les ressources
Le pays est sous perfusion.  Mais l’argent des nombreuses organisations internationales s’arrête dans les poches des politiciens, des maîtres d‘œuvre ou d’ouvrage. La quasi-totalité des commandes passées à des grossistes se règlent à coup de commissions.
Certaines magnifiques vallées qui pourraient s’ouvrir au tourisme de montagne restent fermées parce que des puissants lobbies des vallées « dorées » déjà embouteillées par le tourisme de masse (les touristes attendent régulièrement 4 jours pour se rendre en avionnette sur le départ du trek…) empêchent la construction de certaines nouvelles routes qui en faciliteraient l’accès. Les routes sont par conséquent la plupart du temps inexistantes et toujours dans un état déplorable (jamais vu cela dans nos nombreux voyages précédents).
L’électricité manque. On enregistre 18h de blackout par jour... un comble dans un pays où l’énergie hydraulique est à portée de mains. Les Népalais sont arrosés par les eaux du plateau tibétain, mais ont vendu leur eau à l’Inde notamment… ou l’exploitent mal.
Le Népal possède des ressources minières, mais leur extraction est rendue impossible par le coût qu’elle occasionnerait.
Le Népal vit donc du tourisme, mais de quel tourisme…

Le tourisme
Les touristes viennent généralement en masse pour les treks uniquement et passent à côté de l’essentiel : les Népalais, leurs cultures etc.  Le tourisme chinois autrefois très discret, augmente à une vitesse exponentielle au Népal depuis 2 ans.  Les trekkeurs de tous continents arrivent en masse par agence, ne comprenant pas grand-chose de ce qui les entoure (avons-nous nous-mêmes compris grand-chose ?  Nous en doutons, mais on a eu le temps de s’en rendre compte).
Tout porte à croire que le Népal encore « authentique » se pliera de plus en plus aux exigences de ces touristes de masse/de ces agences à « toufric ». Les vallées de trek étant saturées en raison des lobbies, elles perdront vite leurs trésors népalais.  Les prix ont triplés dans ces vallées depuis 2 ans… C’est terrifiant !
A côté des touristes de trek, on trouve au Népal énormément de personnes travaillant pour des organisations internationales.
Mais notre préférence va pour ceux que nous avons le plus croisés pour finir, ces personnes qui se rendent au Népal avec un profond projet de vie, soit comme volontaires dans des associations, soit en développement personnel pour y suivre des enseignements dans les monastères ou auprès de Lamas tibétains. C’est auprès d’eux et des népalais eux-mêmes, que nous avons le plus appris et mûri notre réflexion.

Les Népalais
Il existe beaucoup d’ethnies différentes avec une grande diversité de cultures et de religions.  C’est un pays très ouvert à la différence.
Gens honnêtes et très contents de rendre service.  Très patients, très accueillants et plein de compassion (jamais rencontré dans nos voyages précédents de gens si agréables.  C’est cela la plus belle richesse de ce pays et la raison pour laquelle de nombreux voyageurs reviennent. Les Népalais sont champions du « wait and see ».
La planification moyen et long terme ne fait pas partie de leur us et coutumes. C’est aussi une force dans un pays parfois dur.  Ils vivent vraiment au jour le jour et profitent de l’instant présent.  Ils expriment très peu leurs émotions même en ayant vécu des choses dures.  A titre d'exemple, il n’y a pas beaucoup de délinquance. Nous n’avons croisé aucune personne énervée… était-ce imaginable ???

Katmandou
Bruyante, polluée, désorganisée, privilégiez le quartier de Bodnath à celui de Tamel si vous préférez le calme, l’authenticité, la culture et l’air un peu plus frais. Pour arriver en ville de Bodnath, comptez 350NR (3,5€) en taxi.  Le minibus local est évidemment moins cher mais en famille un peu sport !

Période pour le visiter
Nous y étions dans la saison sèche et fin de la saison chaude.  Nous avons eu des températures moyennes de 25C° la journée et de 9C° la nuit à Katmandou en journée.
En montagne, dès mi-octobre, il commence à faire fort froid dès 16h et jusqu’à 11h le lendemain matin.
Excellente période pour les treks et pour vivre les 2 festivals les plus importants de l’année au Népal : le Dazain puis le Tihar.
Moins favorable pour la visite du parc du Chitwan où la jungle était très verte (herbe de 8 à 10 m de haut).  C’est à faire plutôt en mars, il y fait plus chaud mais les herbes (qui ont été brûlées par les rangers – pratique du brûlis pour l’écosystème… discutable…) repoussent doucement, ce qui permet de voir plus d’animaux.

Santé
Aucun souci pour nous à part des toutes petites crampes passagères au ventre pour Anouck sur les derniers jours.
En se lavant les mains régulièrement dans la journée, tout va normalement sans souci.
Si un problème grave survenait, nécessité de prévoir un rapatriement rapide sur Bangkok ou autre Attention de respecter les consignes contre le mal d’altitude :  Question mal d’altitude, nous avons vu tout type de toutous prendre tout type de risques… au point de fleureter avec la mort ou d’être redescendus d’urgence par hélico (2 à 3000 dollars).  Nos filles plus acclimatées dépassaient en courant, des marcheurs trop pressés et époumonés… Quoiqu’on en dise, il est indispensable de monter max 500 m/jour en dessous de 3000 m et de 300 m/jour au-dessus de 3000 m. Les évacuation par hélicoptères sont quotidiennes et les récits morbides courant. Avec des enfants, la vigilance est de mise dès 2000 m et les possibilités de redescendre en urgence (même en pleine nuit) doivent être discutées avec les guides et porteurs avant départ.

Et nous en famille
Touristes ou pas touristes ? Nous nous sentions en décalage complet avec le touriste.  Notre réflexion poussée par les rencontres que nous avons faites avec des personnes intéressantes et les Népalais nous a poussés sur un chemin, une route.  Nous ne nous sentions là-bas ni touristes, ni en voyage ; Nous étions comme en cheminement.  Il est probable que nous ayons été poussés à réfléchir plus en 5 semaines qu’en 1 an.
Les enfants sont plus qu’appréciés et chouchoutés par les Népalais. On ne comptera plus le nombre d’accolades ou de beaux regards échangés, de bonbons ou d’argent de poche reçus par les filles. Nous étions épatés par les filles. Elles vivent pleinement l’instant présent et profitent de ce qu’elles vivent avec une facilité et une adaptation déconcertante.  On est très content car ce n’était pas gagné d’avance.  Partout où nous allons, les gens nous rappellent la chance que nous avons avec elles trois ! Les filles curieuses de tout et contentes de toutes les rencontres veulent vivre au Népal (et à l’heure où nous écrivons de Thaïlande elles ne veulent rentrer que pour des vacances et repartir vivre par ici.
Pays très facile à visiter avec enfants (même si très peu de familles rencontrées), hormis l’état des routes sur lesquelles il est difficile de se déplacer.(Anouck a eu pas mal le mal d’auto et c’était un stress pour elle chaque fois de prendre le bus).

Coup de gueule
En plein midi, nous sommes apostrophés à Tamel, par une bande de gamins des rues : une dizaine de garçons et filles qui fleurtaient entre les 8 et 12 ans. Chacun un petit sac plastique à la main. Les trois derniers écrasaient un pot de glue de leurs petits doigts, pour en extraire les dernières gouttes, tandis que les premiers inhalaient à plein poumon ce qui leur donnerait un peu de réconfort.  Les uns avec encore leurs regards d’enfants et puis cette gamine et ce gamin déjà complètement « partis » sous l’effet de la colle. Le groupe nous demande gentiment comme on va et nous suit un moment, le moment pour Anouck de se rendre compte de la misère de ces enfants. L’instant est insoutenable pour nous et nous devons chercher les mots justes pour expliquer cette horreur à nos filles qui nous questionnent. Ils seraient plus de 40.000 au Népal… Ce jour-là, nous sommes enragés et les filles comprennent un peu plus la chance qu’elles ont.   L’injustice dans le monde est bien présente et nous ne nous habituons pas d’en être les témoins privilégiés.  Comme d’autres, ces enfants questionnent mieux que tous nos choix de vie.  On a gagné le billet d’une vie tranquille, nous autres ? Que veut-on en faire ?  Que veut-on apprendre et offrir à nos enfants ?  Bien entourés, nous avançons avec eux dans les réponses, chaque jour un peu plus.

2 commentaires:

  1. Merci pour l'eau au moulin! C'est grandiose ce que vous donnez à vos filles et ça l'est tout autant de le partager avec nous. Quelque part on envie votre "inconfort" relatif, grâce a lui on prend mieux conscience de notre petit confort d'européen nanti... Continuez le remue-méninges, ça nous fait tous grandir. On vous embrasse bien fort... T.

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  2. Coucou Isa et Tinou, Nous savourons et sommes contents de vous savoir captivés. On pense souvent à vous par ici... en famille... un jour... bon, on veut pas vous mettre la pression mais quand-même, pour le moment le plan est "tout bon" ! On vous embrasse bien fort ! La p'tite famille boucquey en Asie. PS: On est au resto... au bord de la piscine à débordement qui tombe sur le sable blanc de la plage... Allé, tournée générale !... bon on arrête de vous mettre la pression.

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