Et la famille dans tout ça, après presque 4 mois de chemin dans les jambes et dans la tête ?

Nous sommes en route depuis près de 4 mois.  Nous voulions tirer un petit bilan de ce voyage. 

Puisque vous nous posez souvent la question de savoir comment ça va, on vous laisse consulter la carte postale, portrait de famille, côté voyage, santé, alimentation, sécurité, le plus positif, le plus difficile et les projets à venir...

VOYAGE A TRAVERS LES HOMMES, les rencontres et les associations...
Nous nous rendons compte maintenant chaque jour que notre choix de passer de projet en projet et de privilégier les rencontres sur les visites, est une option qui nous convient particulièrement.  Nous recevons énormément et cela nous permet de donner autant en échange.  Ce partage est riche et valorisant pour tout le monde.
Merci du fond du coeur à vous tous que nous avons déjà croisé.  Vous nous avez offert énormément et  avez sans doute participé au plus beau cadeau que nous puissions offrir à nos trois filles... l'ouverture sur le monde, l'esprit d'entreprendre au service de l'Homme et la confiance en l'Homme et en soi ! Merci aussi à vous qui voyagez avec nous via ce blog.  Vous nous suivez aujourd'hui de dizaines de pays dans le monde et soufflez comme une brise légère qui nous pousse sans cesse de l'avant et une présence chaleureuse qui nous touche à chaque fois beaucoup.

PORTRAIT DE LA FAMILLE AU BOUT DE 4 MOIS DE VOYAGE 

Les filles sont super épanouies et nous remercient quasi chaque jour d’être ici en famille. Anouck nous dit souvent : « Oooooh maman, c’est le plus beau jour de ma vie ».  Alors on se garde de lui dire que si c’est Le plus beau jour, ce doit être aujourd’hui mais plus hier, ou hier mais pas aujourd’hui alors. Parce qu’en fait, chaque jour raisonne au fond de chacun d’entre nous, comme étant un peu le plus beau de notre vie. Ça fait plaisir parce que c’est quand même l’essentiel à présent. 

Anouck a trouvé son équilibre depuis les premières semaines de voyage. Elle est certes plus analytique et stressée que ses sœurs qui traversent toutes ces nouvelles réalités avec plus d’insouciance mais apprend à se maîtriser et à se surpasser dans des situations inconfortables (par ex grotte à chauves-souris).  Elle apprend énormément de choses et se ménage étonnamment bien dans les limites de sa condition de petite fille qu’elle affiche encore. Elle passe encore beaucoup de temps à jouer avec ses sœurs avec le peu de jouets qu’elles ont emporté et tout ce qu’elles s’inventent à côté avec les objets qu’elle trouve.  A son âge, il est normal de se poser tant de questions et d’y chercher des réponses franches. Ses grands-parents et cousins, ainsi que sa madame Caroline lui manquent le plus avec ses copines de classe. Mais elle se fait une raison et sait qu’elle les retrouvera bientôt. Nous l’accompagnons dans ce voyage, qu’elle ne voudrait pas laisser derrière elle si vite : « Mais maman, quand on rentre en Belgique en été, c’est juste pour des vacances et puis on revient en Asie ! ». « Mais non ma chérie, on revient à la maison pour reprendre notre vie à Bruxelles ». « Ooooh, noooon, je pensais qu’on pourrait vivre en Asie tout le temps ». 

Manon est comme un poisson dans l’eau et nage maintenant très bien. Elle ramasse tout ce qu’elle trouve et va jusque dans les poubelles (« Manon, où as-tu trouvé ce bâton de sucette/ce bout de ficelle/ce morceau de plastic/… que tu as en bouche ? ») pour trouver les objets les plus insolites à assembler et bricoler.  Son sens de la créativité est en plein extase et son imagination ne cesse de nous amuser dans les réflexions qu’elle se fait quant à ce qui l’entoure.  Elle ne manque pas non plus de lucidité et son point de vue de plus en plus affirmé épate ses sœurs autant que nous.  Elle nous dit souvent qu’elle est si bien en Asie en famille même si parfois elle a le cafard et qu’elle voudrait revoir sa marraine et ses cousines. Elle continue de faire plaisir et faire passer les autres souvent avant elle. Elle donnerait tout pour ses sœurs. 

Camille est à fond tout le temps.  Tout est super, tout est à mort et même quand elle est fatiguée, elle nous dit « moi j’chuis fa’iguée à mort là quoi ». Elle grandit à vue d’œil et adore changer de maison. « Papa, j’ai dchà dix maisons aujourd’hui, celle de moi, celle de Papy et Maminou, celle de Dady et Mamy Claire, celle de la montagne, l’autre là tu sais, encore celle grande avec la terrasse là, c’est un, deux trois, quatre, dix, vingt maisons plus, quand même ».  Puis en plus de ne pas arrêter de courir, elle parle tout le temps et nous arrose d’expressions hilares : « oh, t’es moche quand même», « waouw, c’est trop bon à mort ça même », « oh, elle a trop d’bol ». Elle est souvent dans nos bras, comme ses deux sœurs à nous dire… « je t’aime très fort de tout mon cœur ». Elle nous épate par sa capacité à s’occuper seule durant les longues heures d’écoles.  Elle joue, s’invente des histoires, chante, dessine et nous laisse complètement disponible pour ses deux sœurs.  Elle s’endort quand elle en a besoin que ce soit dans nos bras dans le métro, dans un paréo sur le dos dans la jungle, dans les bus, dans les trains ou sur les épaules dans une visite de temple.  Hyper pratique !!!  Elle est toujours contente d’aller manger et raffole des plats préparés au riz.  Elle a une force de caractère qui fait qu’elle ne va sûrement pas se laisser marcher sur les pieds. Elle sait ce qu’elle veut la petite et se défend très bien, au milieu de ses sœurs. 

Catherine est dans son équilibre presque le plus parfait ici et pensait déjà prolonger au moins jusqu’en décembre… Mais la réalité nous ramène à d’autres projets qui répondront, « comme il se doit », à nos obligations de là-bas, sans lesquelles nous vivons si bien et pleinement ici en attendant.  Elle savoure cette liberté peu habituelle mais si saine pour l’équilibre du corps et de l’esprit. Elle creuse comme Arnaud les recoins de la philosophie bouddhiste et s’en inspire de plus en plus sans vouloir devenir bouddhiste pour autant (rassurez-vous si vous étiez inquiets).  Elle pousse à fond sur le mouvement, organise la logistique et impose une dynamique positive qui nous fait découvrir des endroits insolites.  Elle est constamment en recherche de liens authentiques avec les autres et écoute au mieux les besoins de la famille.  Elle soigne les bobos des voyageurs que nous croisons essoufflés et prend soin de ses poussins qui ne sont pas encore tombés malades, eux ! 

Arnaud est toujours en réflexion comme il aime et s’entoure des gens passionnés que nous rencontrons, pour refaire le monde.  Fort des bonnes choses qu’il rencontre ici, il s’inspire de ce qu’il ressent, voit et entend pour prendre de bonnes résolutions pour le retour, même s’il ne sait s’il pourra toutes les tenir. Ainsi, il mesure tous les bienfaits des soupes consistantes à base de riz, avec moins d’huile, de pommes de terre, de pâte, de pain, de viande, de sucre et d’alcool. Vive les cheveux qui poussent, la musculation passive à force de bouger et porter, vive la vie simple et à son rythme avec le recul nécessaire pour pouvoir renoncer sans souffrir, vive la liberté de penser, de dire et d’être, de faire, de défaire et de refaire le monde, vive l’expression et le bricolage que nous lancerons en rentrant avec Manon qui en redemande,… 

CÔTE VOYAGE 

Nous restons nostalgiques du Népal, avons fort aimé le Cambodge et ne trouvons pas toujours notre compte dans une Thaïlande vraiment fort touristique. Dépassés par un tourisme de masse ici, sexuel là-bas, de bas profiteurs et saccageurs ailleurs, nous ne trouvons ici que trop peu d’endroits qui nous plaisent vraiment.  Tout est facile pour voyager mais nous ne voulons plus en payer le prix.  Nous préférons les endroits plus authentiques, là où les gens ne sont pas encore fatigués par un tourisme qui les rend fâcheux parfois. Nous constatons que nos filles sont si peu frileuses que nous pouvons vivre la grande aventure sans tout ce confort qui finit par freiner. Nous voulons vivre et aller vers ceux qui pensent comme nous que le bonheur vient de ce que l’on est authentique et non de ce que l’on possède. Nous voulons nous rapprocher de ceux qui, même en voyageant, pensent au respect dans la rencontre, à l’ouverture et la solidarité, avant la consommation de biens et de services parfois obsolètes pour un profit essentiellement personnel. Depuis une semaine, nous sommes en pleine réflexion et avons décidé de quitter la Thaïlande plus tôt que prévu pour rejoindre le Laos réputé moins touristique et plus proche de l’habitant. Ce choix est-il seulement judicieux, l’avenir nous le dira… 

SANTE 

Rien à signaler du tout ; de plus,  tout le monde semble avoir trouvé une stabilité dans une corpulence qui lui convient. Nos estomacs semblent blindés à bien des attaques et nos petits maux habituels s’en sont allés (maux de dos, eczéma de Manon,…). La fatigue nous guette souvent et nous avons besoin de beaucoup de sommeil pour maintenir en bonne forme notre faculté d’écoute sur les projets et entre nous, et conserver la plus zen attitude possible à tout changement. 

ALIMENTATION 

Le régime est essentiellement à base de riz, légume et bouillon de viande, sans graisse, sans dessert ou en-cas entre les repas… Oui oui, on survit et les filles n’en redemandent pas ! Elles mangent de tout 100% local (même la patte de poule y est passée dans des grands éclats de rire) et à leur faim depuis le départ. Elles continuent de se méfier des aliments pimentés.  Elles boiraient la sauce soja à la bouteille, il nous faut limiter leur consommation.  Elles nous épatent dans leur curiosité à goûter les plats et s’adaptent nonchalamment à ici, sans réclamer les saveurs bien de chez nous. 

SECURITE 

Les pays que nous avons traversés sont exemplaires en la matière !  A l’égard des filles, nous restons néanmoins en permanence très vigilants parce qu’un seul faux pas pourrait nous jouer un sale tour.  A ce niveau, rien n’est négociable et les filles savent qu’on ne fait pas la folle n’importe où. Elles comprennent pourquoi nous sommes si sévères parfois et commencent à fort faire attention à l’autre, prêter une main quand nécessaire, calmer un jeu dangereux ou des écarts de comportements qui dans la culture locale pourraient choquer (et vas-y que je me promène sans culotte, que je hurle de rire ou de colère, que je tendent mes pied droits vers quelqu’un, que j’oublie de dire bonjour ou merci, que je tourne le dos à Bouddha, que je chante à table,… « et les rots à table, tu les feras en Chine, mais pas ici ! »). 

LE PLUS POSITIF A CE STADE 

Les grands espaces, la vie ou l’école au grand air sous un soleil souvent radieux, être perpétuellement stimulés par la découverte de nouveaux apprentissages, nous donnent une sensation de bien-être et d’évasion en permanence. Sans les contraintes essentielles du métro (le réveil le matin), boulot (et son stress inutilement imposé parfois), dodo (parfois tourmenté), le corps a trouvé un meilleur équilibre. Nous vivons librement, intensément et facilement les valeurs qui nous sont les plus chères en famille.  Nous apprenons à mieux nous connaître les uns les autres dans les plus nombreux moments d’intensité positive ou négative.  Nous rencontrons de personnes très altruistes, toutes simples mais si riches en projets fabuleux et positifs tournés vers les autres. Tout le monde s’en retrouve plus à l’aise, épanoui, valorisé et grandit dans son esprit. C’est le plus flagrant constat positif que nous faisons en famille. 

LE PLUS DIFFICILE A CE STADE 

D’abord, nous devons gérer une omniprésence auprès des filles qui, entre ce qu’elles vivent, voient et entendent, n’ont que nous pour seuls repères.  On ne peut le leur enlever mais nous cherchons parfois aussi le moyen de respirer un peu.  Comme d’autres familles en voyage, entre les rencontres, les volontariats et visites dans les projets, la présence nécessaire auprès des enfants pleins de questions la journée et les préparations d’itinéraires, la logistique etc les soirs, nous n’avons plus beaucoup de temps pour nous, pour bouquiner, écouter de la musique ou de regarder un film. Le temps si rare qui nous reste, nous le passons à discuter à deux.  Trouver un bon équilibre aussi parmi tout ça reste parfois difficile à gérer. Une autre difficulté reste l’enseignement à distance. Nous sommes les parents et pas les professeurs de nos enfants.  Même si le rythme est lancé et que les cours avancent bien dans un bel esprit à présent, on a mis du temps pour trouver l’équilibre.  Mais cela reste encore bien difficile à gérer lors de visites ou rencontres, desquelles nous voulons tous profiter au maximum. Enfin, les rencontres et visites sont tellement riches qu’on voudrait ne faire plus qu’échanger quand l’occasion se présente.  Mais tout le reste en prend souvent un coup (temps d’échange avec les enfants, logistique, planification, heure de sommeil, etc.) et nous en ressortons à chaque fois très contents mais fatigués. 

PROJETS A VENIR 

Un itinéraire de voyage fou, avec le Laos et sa population si accueillante en ligne de mire, la Chine tibétaine avec ses hauts plateaux d’altitude à couper le souffle, la Birmanie qui reste le pays n°1 au monde de tous les globe-trotteurs rencontrés et enfin l'île Perhentian en Malaisie avec ses tortues géantes et raies mantas, avant… Bruxelles avec sa basilique de Koekelberg, sa grand place et l’Atomium prévues pour le 24 juillet (ça y est, on a notre billet !).