Moments sacrés autour des crémations du temple de Patsupatinath

Patsupatinath, située le long de la rivière Bagmati, est la ville sainte hindoue du Népal, comparable à Vanarasi, située au bord du Gange, que nous avions visité en Inde il y a quelques années.   Le site est sacré et malgré le droit d’entrée 5€/adultes et celui de photographier et filmer des scènes de vie très intimes et authentiques, nous étions, comme les filles, pris aux trips et transcendés par le caractère « sacré » de ce lieu saint. Nous y avons retrouvé les mêmes décors, les familles endeuillées, les sadhus, les prêtres en blancs, les vaches sacrées, les bûchers au pied desquels coule la rivière sacrée de la Bagmati (affluent direct du Gange en Inde). Nous avons revécu les rituels hindouistes autour des défunts. Nous avons assisté à 2 rituels de purification et à 3 crémations, 1 en cours et deux à leur lancement. Nous avons laissé aux filles le choix de décider si nous approchions ou pas, ce qu’elles voulaient voir et savoir ou pas.  

En discutant beaucoup et en comparant le rituel hindouiste à celui qu’elles connaissaient bien de chez nous pour avoir accompagné de près le décès de leur « (Arrière-)Bonne-Maman », les filles ont traversé cette après-midi avec beaucoup d’intérêt et de questions sur la mort, les religions et leurs rituels.  

A la sortie, nous nous sommes arrêtés devant un mouroir pour personnes indigentes et sans plus de famille. L’hospice a été ouvert par Mère Thérèsa. Nous ne sommes pas entrés à la demande des filles, vu l’émotion déjà forte provoquée par les crémations. 

Elles garderont de cette visite un souvenir dur. Elles nous disaient « je suis contente de pas habiter dans ce pays parce que j’ai pas envie d’terminer dans un feu ». On leur expliquait alors que la question était religieuse et non d’habiter ou non ici. Elles disaient encore, « papa, si je meurs ici si il m’arrive un truc j’sais pas moi…, tu me brûleras comme ça ou je pourrai être enterrée comme "Bonne-Maman" chez nous ? ».  Le retour à pied de 40’ a permis de bonnes discussions et de décanter un peu avant de se poser chez nous.

Voici les explications en image - nous entrons en terre culturellement 100% hindoue, au coeur du Népal.

Voici le "ghat" réservé aux crémations royales.
Le site est impressionnant et appel au recueillement dès notre arrivée.

Suivez le guide, c'est encore Catherine qui s'y colle,
pour notre plus grand plaisir !

Deux familles accompagnent ici chacune un défunt pour le rituel de purification.
D'abord, le corps est positionné les pieds dans l'eau de la Bagmati (rivière qui se déverse dans le Gange en Inde) .
Ensuite, il est posé sur les marches, arrosé d'eau, encensé et fleuri,

avant d'être emporté par la famille sur un autre "ghat",
pour le rituel de crémation. Nous accompagnons la famille depuis l'autre rive de la Bagmati.

Arrivé au lieu de crémation,
le corps est tourné plusieurs fois au-dessus du bûcher.
Il est porté par les familles.  

La veuve (ici en rose) fait à son tour le tour du corps à plusieurs reprises,
entourée par la famille qui la soutient dans sa douleur.

Le corps est une nouvelle fois encensé, avant d'être recouvert
de plusieurs étages de bois supplémentaires.

Ici le corps est encore encensé à gauche, tandis que l'autre famille
entame la crémation à droite. Les familles sont derrière.

Les cendres sont directement poussées par dessus le mur du "ghat",
dans la rivière Bagmati, pour  s'écouler en direction du Gange.

Les frères du défunt sont maintenant obligés de rester près du corps les 3 à 4h durant de crémation.
Il semblerait que des Sadhous pillaient autrefois, les bûchers laissés à l'abandon. 

Les Sadhous, les hommes sacrés, minces comme des fils de fer et peinturlurés à souhait,
 sont là pour tirer quelques roupies d'un portrait qu'on leur tirerait innocemment.
et Camille de dire "Mais papa y sont tout jaunes ceux-là", Anouck prenant de l'écart et Manon s'arrêtant nette...
Des centres de méditation existent à Patsupatinath... certains les rebaptisent les "centres de moneytation..."

A la sortie, Anouck est bousculée par 3 sacrées demoiselles,
Arnaud tire Camille et les évite de peu, mais un vieillard derrière lui est balancé au sol.
"Sacré histoire de vache sacrée" qu'Anouck  aime se remémorer:
"Elles ont carrément écrabouillé mon pied hein!"
et nous de répondre: "eh bien voilà, dorénavant tu comprends pourquoi
on t'oblige à mettre tes bottines plutôt que tes sandales
lors des marches et visites..."

A la sortie, notre guide continue de pousser toutes les portes possibles et imaginables
à l'affût des rencontres les plus éloignées des sentiers battus...

Tandis qu'Anouck nous questionne sur ce mouroir  que Mère Thérèsa à géré,
et qui accueille encore des personnes mourantes, sans moyen ni famille.

Petit clin d'oeil à ses camarades de classe puisqu'elle avait choisi de présenter
Mère Thérèsa l'an passé en classe. La rencontre avec le sujet dans sa réalité l'interpelle autrement,
tout comme Manon. Nous avons énormément partagé nos questions et émotions ressenties.