L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

vendredi 31 mai 2013

La Chine : notre bilan, notre feedback


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Nous nous sommes beaucoup amusés en Chine.  Mais on ne dira pas qu’on connait la Chine. En effet, nous avons limité nos six semaines de déplacement à la province du Yunnan dans le sud du pays et une semaine à Chengdu au Sichuan.  Quand on parlera ici des chinois, on parlera donc de ceux que nous avons rencontrés, conscient qu’il en existe d’un autre style à d’autres endroits de la Chine rurale ou urbaine. 

En ce qui nous concerne, tous disent unanimement que nous avons vu le plus beau côté de la Chine, la Chine d’antan de par son exceptionnelle multi-ethnicité encore si conservée pour le pays, cumulée à ses reliefs, sa faune et sa flore.

Ce qui nous a d’abord surpris, c’est la gentillesse spontanée des chinois. Il ne nous est jamais arrivé de rester plus de 3’ à chercher notre chemin, avant que quelqu’un vienne à notre secours, sortant la grosse artillerie.  Cet homme ou cette femme se présentait alors à nous comme nous ne l’avions vu nulle part ailleurs, armé(e) d’un sourire, d’un sens du devoir souvent affiché, efficace et usant de son gsm pour appeler guesthouses, taxis, gares de bus et même une fois un aéroport pour comparer les prix du bus que nous voulions réserver à ceux d’un vol pour la même destination. Il faut dire que sans cette aide, on peut vite rester planter de longs moments incompris frustré, face à des dizaines de chinois de bonne volonté mais sans le moindre mot d’anglais pour vous aider. Ayant vite compris que le chinois était souvent la seule langue pratiquée même dans les hôtels et sur les sites les plus touristiques, nous ne nous déplacions jamais d’un endroit à l’autre sans avoir sur nous notre « point it » (petit livre d’images pour voyager), un dico anglo-mandarin (merci Mark et Dom) et les idéogrammes nécessaires: où je vais, où je dois revenir (ben oui faut y penser aussi…) et puis accessoirement la description du bus à prendre ou encore « avez-vous 5 riz-poulet non épicés à emporter ? ».

Bref, folklore quand en plus tous les chinois prenaient Catherine pour une compatriote (mère de famille nombreuse – ouf ! - et qui plus est supportant un mari western … surréaliste !), en s’adressant à elle avec insistance pour lui répéter les infos que nous cherchions, convaincus qu’elle comprenait ce qui était dit. En fait, Catherine ne connaissait qu’une phrase en chinois qui voulait dire : « je ne parle pas chinois » et nous ajoutions en cœur et toujours en chinois : « nous sommes belges ». Mais on nous l’a expliqué plus tard, les chinois vous parleront tout à fait normalement, étant convaincus qu’au-delà de la barrière de la langue, le message passe… pour finir. On a donc vite dépassé la barrière de la langue et avec un peu d’ouverture culturelle de notre côté (parce que le chinois, bien que curieux, comprendra difficilement que vous ne comprenez pas son monde), on s’est mis au diapason mais surtout à la baguette.

Et là, d’un seul coup (de baguette… magique), nous avions l’impression que toute la Chine s’ouvrait à nous.  Pas difficile en fait, parce qu’en plus d’être serviables en cas de pépin, les Chinois sont faciles d’accès, très curieux, ont de l’humour, adorent les familles nombreuses et les filles (en sous nombre dans leur pays), passionnés de jeux vidéo en tous genres, ils se déplacent cyber équipés en permanence pour le plus grand bonheur des filles, bref aux petits soins pour les rares touristes étrangers que nous étions à bien des endroits.

Nous avons fait en quelques temps des rencontres surprenantes avec des Chinois et puis avec cette communauté expatriée dans laquelle on a été introduits. Nous n’avons pas lâché le réseau et en plus de rencontrer des gens passionnés par la Chine, on a été beaucoup soutenu dans notre projet. De fil en aiguille, on a appris énormément de ce pays aux mille facettes… en voici quelques-unes rendues de façon tout à fait personnelle, en fonction du feeling du moment. Ce qui suit n’engage que nous, résulte de notre perception ici et maintenant. D’autres auront certainement des perceptions bien différentes.  

ECONOMIE 
De chez nous la Chine fait peur sur le plan économique.  Mais vu d’ici, quelques soucis semblent encore rester des freins énormes à une expansion économique franche, vers nos lointaines contrées. Oui, la Chine rachète des ports de par le monde, pille ses voisins comme le Laos, la Birmanie, le Cambodge et même l’Afrique, de son eau ou de son électricité, de toutes les matières premières possibles et imaginables pour confectionner les plus petites pièces de nos appareils électroménagers. Oui, elle délocalise des cerveaux et ses entreprises vers l’Europe, parvient à copier, même les pièces les plus élaborées dans le domaine de l’aéronautique par exemple plutôt que de nous les acheter, etc., etc., etc. 

Mais la Chine est malade de corruption à ce point qu’on parle ici de la « corruption des tigres et des mouches » pour souligner clairement que tout le système, « from bottom to top » est lamentablement gangréné. Du médecin au politicien en passant par le businessman, tous touchent leur bakchich.  Bien sûr, le gouvernement a mis au point un code du travail pour faire comme tout le monde. Mais ce dernier n’est pas appliqué, parce que s’il l’était, il tuerait d’un soir au lendemain la compétitivité de la plupart des entreprises chinoises, qui ne survivent bien souvent que grâce à une exploitation forcenée des travailleurs et une interprétation qui leur est propre des termes des contrats qu’ils signent avec ouvriers, employés mais aussi leurs clients. 

Face à ce constat, trois hypothèses se croisent : (1) Certains pensent que la pire des situations serait que nous devions un jour en Europe, fonctionner sur base de relations contractuelles avec des Chinois. (2) D’autres disent que les Chinois n’arriveront jamais à percer les marchés en Europe sans faire le ménage avant chez eux, mais que s’ils faisaient le ménage, ils en feraient mourir leur économie et donc n’arriveraient pas chez nous le cœur vaillant ou suffisamment compétitifs. (3) Les derniers pensent qu’il est grand temps pour nous de regarder la Chine en face et de composer avec.

Mais en parallèle de son essor international, la Chine doit aussi gérer des soucis économiques majeurs en interne. La pyramide des âges est alarmiste et qui donc restera-t-il pour travailler dans quelques années ? Les matières premières manquent à son développement puisque sans elles, la Chine est incapable de confectionner plus que ce qu’elle propose déjà sur le marché national et international en pièces de tous genres, textiles, etc. La question écologique risque aussi de générer de graves problèmes, outre de santé, éthique ou autres qui finiraient par être fatal à la réputation de certaines entreprises, marques ou enseignes. Enfin, culturellement, le management chinois encore très empreint de la culture maoïste et confucianiste (qui prône le respect absolu des ancêtres, du père et de l’autorité), n’a pas encore les clefs de répartitions efficaces pour séduire le businessman occidental. On a vu 15 employés pour nous servir, nous seuls clients du magasin, on sait que l’employé chinois traditionnel (pas la classe émergente) ne prend pas d’initiative sans l’approbation des trois rangs hiérarchiques supérieurs. On a encore vu une employée de fast-food uniquement affectée à la tapette à mouche ou encore un ouvrier sur chantier affecté à tirer et détendre la rallonge électrique du compresseur à béton au fur et à mesure des déplacement de son collègue chargé du compresseur… Ces situations surréalistes, ne nous permettent pas de croire que l’entreprise occidentale sera un jour dépassée par une telle « culture d’entreprise chinoise ». Un patron et employé soumis totalement. Si pas d’ordre, pas de travail. (Ex : femme à la tapette à mouche ou l’autre qui tire le fil du compresseur à béton).

Certes, la Chine est encore bien engluée. Mais les brevets sont de plus en plus souvent déposés depuis 5 ans. Une « middle class » cultivée et éveillée sur les enjeux planétaires (écologie, droits de l’Homme,…) émerge à peine depuis ces quelques années ; En fait depuis ce jour où le gouvernement communiste, pour conserver son régime fort qui était si controversé, a annoncé aux Chinois qu’ils pouvaient dorénavant se faire de l’argent.  S’en est suivi un libéralisme à outrance, profitable donc à une « middle class » tout récemment émergente. Ils sont plus d’un million de multimillionnaires en dollars en Chine… de quoi déplacer des montagnes… On a croisé des Porches, Ferrari et autres voiture de luxes (types BMW et Audi très populaires en Chine parce qu’utilisée par le gouvernement…), dans toutes les villes, même petites et reculées. Ici, tout s’achète et tout se vend aujourd’hui. A ce stade, chacun tente de tirer son épingle du jeu et sans foi (corruption des tigres et des mouches) ni loi (code du travail non appliqué) on ne mesure pas encore tous les effets de cet élan (scandales quotidiens mis au jour dans l’agroalimentaire avec le lait qui a tué les uniques enfants de ces couples révoltés, maladies incurables émergeantes à cause des pollutions de l’eau et des sols, familles endeuillées chaque mois par l’effondrement de mine ou d’autres accidents au travail,…) . La Chine est-elle si forte et unifiée que pour envahir le marché mondial ? Quoiqu’il en soit, ce qui est plus facile à prédire, c’est que la Chine et toute la société chinoise sont donc en pleine mutation et l’avenir proche nous parlera mieux que n’importe quel expert en la matière.  

TOURISME 
En international, c’est un phénomène tout nouveau dû à l’émergence de cette « middle class ».  Les chiffres de progression sont très regardés non seulement en Chine mais dans les pays voisins (quand nous y étions, le Népal s’inquiétait de 20% d’augmentation du tourisme chinois en 2012) et en Europe aussi le phénomène a fait la Une alors que nous étions ici. Vu leur nombre, il y a fort à parier que le tourisme asiatique certainement, mais mondial peut-être, pourrait prendre un tout autre visage dans les 5 ans prochains.  

Au niveau national, de ce que nous avons vu sur place dans cette région de la Chine, c’est que tout est prêt pour accueillir un nombre considérable de touristes.  Les sites sont sur-aménagés de plateformes et autres pavillons ou restaurent, permettant d’y agglutiner bien plus d’appareils photos que ceux qui nous entouraient déjà. Les transports sont faciles et nous ont menés partout en bus couchette ou pas, de jour ou de nuit. Les trains et avions sont aussi faciles d’accès. Les offres de biens et de services aux touristes chinois n’ont évidemment rien à avoir avec celles qu’ont fait aux routards de chez nous… Nous avons été accueillis en couchsurfing dans une famille chinoise. Ils sont en fait les premiers, à ce qu’on leur dit, à avoir tenté en Chine l’expérience d’un voyage en famille à sac à dos pendant 6 mois. Ils écrivent un livre qui a déjà trouvé un éditeur plus qu’enthousiaste tellement l’expérience est inédite pour le pays.

La façon qu’ont les chinois en général de voyager est tout à fait particulière.  Ils voyagent très souvent en groupe et ne sortent pas des sentiers battus.  Ils sont très craintifs et peu aventuriers.  Dans une ville comme Lijiang, très touristique, ils se concentrent dans les quelques rues centrales de la ville en laissant pour vide les rues plus excentrées tout aussi intéressantes à visiter. A Shangrila, pour monter en téléphérique jusque 4000m, ils ont chacun avec eux la petite bonbonne d’oxygène qui les rassure en cas de pépin.  Quand on a connaissance de cela, visiter un lieu touristique devient un jeu dont le but est d’éviter les concentrations de touristes chinois. 

ECOLOGIE 
La Chine devient le drame de la planète entière… elle représente à elle seule 40% des émissions de gaz à effets de serres de la planète. Les montagnes sont défoncées de la tête aux pieds. Elles sont déforestées puis replantées d’arbres à caoutchouc ou de théiers par exemple et en plus éventrées par des tunnels qui n’en finissent pas et qui communiquent entre eux par des viaducs impressionnants coupant tout droit les vallées (à travers les montagnes, on voyageait presque tout droit en bus, comme en avion).  Les sols et les rivières sont massivement pollués à l’arsénique, au plomb et autre métaux lourds plus que mortels.  C’est peu dire que d’envisager le pire… Face à tout cela, le Chinois reste encore majoritairement ignorant.  Mais certains se réveillent et dénoncent comme ils peuvent sur les réseaux sociaux très consultés ici en Chine.

Cependant, ils commencent à faire des efforts sinon comment expliquer que tous les scooters sont électriques (oh quelle joie ! mais attention danger, on ne les entend pas arriver) et que les sacs qu’on vous sert pour emballer vos achats sont en tissu recyclé… 

POLITIQUE 
La Chine a maintenu (à coup de compromis= cfr.ci-dessus) un régime communiste fort et très centralisé. Même si les manifestations sont maintenant monnaie courante, la liberté d’expression en public est inexistante. Ceux qui dirigent le pays sont une dizaine et dirigent en vase clos par un système de concil-iabule peu transparent.  Ils sont cependant paraît-ils très attentifs à ce qui circule sur les réseaux sociaux. Est-ce pour saisir le dissident ou la rébellion à sa source.

Les ONGs sont quant à elles aussi rares que contrôlées. Nous n’aurions pu visiter un projet sur le terrain, tant tout est contrôlé et filtré. Les démarches administratives pour nous enregistrer etc. auraient été disproportionnées voire inenvisageables. On était déjà suivi à la trace ou presque puisque chaque maison ou guesthouse est rattachée à un commissariat et obligée de nous enregistrer dès l’arrivée pour un séjour sur place. On ne s’est pas senti mal pour autant, tout cela est bien fait, discrètement.
A vrai dire, on n’a pas cherché à en faire trop… sauf un jour qui nous a rappelé qu’il y a toujours pour vous un petit œil attentif à votre sécurité personnelle. Nous voulions entreprendre une marche depuis un glacier jusqu’à un lac puis rejoindre ainsi la vallée verdoyante.  Mais avant même d’avoir pu avancer une cinquantaine de pas, un policier vient nous trouver nous demandant de redescendre comme tout le monde.  Devant notre insistance courageusement interprétée par une amie chinoise avec qui nous voyagions, ils nous ont fait miroiter que des ours pourraient nous attaquer (après vérification, le risque était nul) et voyant encore que nous ne cèderions pas, ils nous ont demandé de signer des décharges de responsabilité en cas de problème et de téléphoner une fois arrivés en bas… Pour finir, on n’a fait que la moitié du chemin, comme pour nous/les rassurer.

Mais il vaut mieux faire comme tout le monde en Chine. Ici, lorsqu’on est pris la main dans le sac pour un écart, ça peut faire très mal.  On a vu des Chinois d’ailleurs hyper disciplinés et on s’est senti dans un pays ultra « safe ».  Nous sortions d’un trek un jour par un bois qui donnait sur un parc national payant.  Le chauffeur du minivan qui nous a sortis du parc nous cachait dans son véhicule, nous interdisant d’ouvrir les fenêtres, de peur d’être intercepté par les gardiens qui n’auraient pas compris que nous n’ayons pas pu payer le droit d’entrée venant d’un jour de marche à travers tout. Si vous êtes pris, vous payerez vite cher. Mais dans le pire des cas, on ne vous fera pas comparaître, au risque que cela fasse trop de bruit.  La police (secrète) préfèrera vous emmener dans un hôtel et vous passer à tabac, vous interroger et menacer, avant de vous droguer au point d’oublier ce qui vous est arrivé.  Mais attention, ici vivent plus d’1.300.000 habitants. On peut comprendre que si le régime laisse à son peuple trop de marge de liberté, ça serait le chao presque total dans le pays. 

Évidemment, ce qui se passe en Chine n’est excusable sur le plan des droits de l’Homme, mais ils sont confrontés à un dilemme et perdus dans une impasse qui ne les fera pas changer d’avis de sitôt.  Est-ce une question de choix ? Le débat ouvert quand on voit comment autant d’individus parviennent à vivre ensemble (et les uns sur les autres) dans un climat de sécurité, comparativement à ce qui se passe dans nos pays avec moins de gens. C’est l’option sécuritaire qui est choisie et ça marche, ici et maintenant, en dehors de cette façon lâche et inacceptable qu’a le régime, « d’étouffer » scandales et dissidents. On s’est sentis en très grande sécurité et on l’était. Aussi, les ados, enfants d’expats et leurs parents semblaient même aussi en ressentir le bénéfice, risquant bien moins que chez nous, lors d’une sortie nocturne entre potes ou dans la vie quotidienne.  

CULTUREL 
Ils sont si différents de nous que rares sont les standards que l’on a en commun. La langue, le look, leur caractère parfois décomplexé voire sans gêne, leurs habitudes culinaires, leur rythme de vie, bref, tout tout tout est si différent qu’il ne reste même plus à chercher à comprendre. Nous n’avons que profité. Et même dans les latrines publiques, assis  accroupis au milieu de dix chinois alignés un pied de chaque côté d’une tranchées dans laquelle sont déjà accumulés des amas d’excréments, Arnaud parvenait à maintenir la causette à son voisin qui entre les répliques poussait des soupirs dans l’effort et finissait par s’exécuter dans un tel fracas que jamais on ne peut imaginer cela. Ainsi la conversation continuait comme si de rien n’était. Nous ne cherchions plus à comprendre pourquoi même ces jolies demoiselles en mini-jupe et hauts talons, ces hommes en costumes, bref tout le monde utilisait ces latrines sans complexe. C’est ainsi.

Plus intéressant, en Chine, on dit que l’« On considère les enfants comme des adultes et les adultes comme des enfants ».  En effet, les enfants ont une pression énorme dans leur éducation. Souvent nombreux dans les classes, face à un programme d’apprentissage titanesque (alphabet chinois très compliqué) et un enseignement martial, « ils marchent ou ils crèvent ».  Les décrochages vers les 14 ans sont monnaie courante par ici. Mais s’ils ont cet inconvénient d’être beaucoup dans les classes, ils ont encore celui d’être unique à la maison et mis sous pression par les parents qui auront tout misé sur leur unique espoir (les parents n’ont pas ce recul que nous avons face à l’enfant unique, parce qu’ils ne l’ont pas choisi). A contrario, en tant qu’adultes, on leur demande d’obéir aux règles des patrons en entreprise et du régime politique en public.  Beaucoup nous diront d’eux qu’ils sont assez souvent peureux et soumis. Cela proviendrait encore de la culture taoïste et d’un zeste de confucianisme. Ils sont aussi connus pour être individualistes, mais on ne l’a pas du tout perçu en dehors du fait qu’il n’est pas rare de les voir attablés à plusieurs à table, mais à chater ou jouer dans son coin, chacun sur son smart phone

Les enfants aussi passent un temps considérable sur les consoles de jeux.  A la maison, on ne trouve pas de jouet mais bien une tablette ou un PC.  Les seuls jeux achetés sont souvent ceux vendus pour rien à la sortie des classes, mais ils ne valent rien non plus en qualité et ne durent jamais longtemps.  L’enfant chinois ne connaît pas le jeu créatif qui sort de ses doigts et de sa tête. Comme si culturellement, dès le plus jeune âge, il désapprenait à créer, innover etc.  Dans les classes, il n’y a pas de cours de musique ou d’art. Tout au plus, quelque fois par jour entre les leçons ardues, une minute défouloir ou tout le monde peut « hurler » en attendant de retourner au calme plat, aussitôt que l’instituteur a levé le petit doigt. Enfin, serait-ce insister pour rien que de souligner que tous les dossiers culturels types expo, spectacle etc. passent par la censure avant « exhibition ». 

Autre thématique dont on a pas mal discuté aussi, c’est la tolérance de plus en plus marquée de l’homosexualité. Les hommes et femmes commencent à en parler plus ouvertement et même à s’afficher auprès de leurs amis même s’ils gardent souvent encore le secret auprès des parents. De plus en plus de bars et d’espaces de vie existent en Chine pour ce public jusqu’ici en mal de vivre.

Un scoop: les femmes chinoises se rendent de plus en plus au Tibet pour du tourisme purement sexuel. Les attributs de l'homme tibétain en ont fait une réputation qui n'est plus à remettre en question. Plusieurs tibétains sont ainsi entretenus par une femme chinoise, contre service.

Autrement côté culinaire, on nous avait promis nourriture épicée à souhait et ça s'est pourtant très bien passé.  On a vraiment apprécié les petits plats qui débarquaient parfois en nombre sur la table, même si la plupart des aliments baignaient littéralement dans l'huile. Nous mangions aussi moins puisque, avec des baguettes (pas de couvert dans la plupart des endroits où nous mangions), on mange en fait moins au total à l'addition.

SANTE 
Nous avons redoublé de prudence dans ce pays où l’hygiène n’est pas la priorité n°1. Ils donnent l’impression d’être fort différents de nous et nous étions prévenus par ceux qui vivent là depuis un bout de temps. Il ne faudrait pas que vous alliez là-bas avec vos enfants. Nous avons vu des endroits très sales, des latrines qui se déversent dans la rue et dans les rizières.  Ceci dit, nous n’avons pas eu l’ombre d’une crampe au ventre et on a joué le jeu des chinois sans difficulté, avec tout au plus un peu de prudence en plus qu’ailleurs. Nous ne voulions pas atterrir à l’hôpital, véritable cours des miracles et endroits à éviter à tous prix nous ont dit plusieurs personnes. Imaginez-vous retrouver dans la salle d’attente au milieu de patients qui crachent par terre et d’être reçus après une insoutenable attente, par un médecin qui vous ausculte une clope en bouche… C’est du vécu et régulier ! Le tout sans comprendre et sans imaginer que vous ressortirez sans doute en plus avec un streptocoque doré attrapé en plein vol (encore parole de ceux qui l’ont déjà vécu et connaissent la Chine pour y vivre). Bien sûr, ça n’est pas ainsi dans tous les hôpitaux. Mais là où nous pouvions en trouver sur notre route, on n’aurait eu aucune confiance. 

En Chine, beaucoup voudraient plus d’un ou deux enfants (deux autorisés pour les familles de minorités ethniques uniquement). La contraception n’est pas au goût du jour. Le sujet semble d’ailleurs tabou. Par contre, les avortements (parfois forcés par le régime qui emmène les femmes de force à l’hôpital) sont pléthores et maintenant dans les mœurs à ce point qu’on en parle facilement autour de soi, même en soirée avec les copains. Ils font couler des larmes de douleur à toutes ces familles qui rêveraient de pouvoir agrandir leur famille au moins d’une unité. Mais au-delà du nombre d’enfant qui vous est autorisé en fonction de votre situation (chinois ou minorité ethnique,…), on vous demandera de payer 2 ans de salaires par enfant supplémentaire. Toutefois, la loi va changer puisqu’il manque déjà de jeunes enfants et encore pire, de femmes pour les procréer.

Côté santé mentale, on n’a pas pu se questionner avec les Chinois sur le taux de suicide anormalement élevé chez eux.  Il n’existe pas d’hôpitaux psychiatriques mais on sait qu’aujourd’hui, 320.000 psychopathes ou névrosés profonds courent tranquillement dans les rues, créant ci et là, de temps en temps, des scandales de type massacres en série » ou « massacres dans les écoles ».  Comment dans un tel régime et une telle culture, le patient serait à l’aise pour exprimer ses douleurs et souffrances, dans un pays où l’on étouffe l’expression.  La psychanalyse n’a pas encore de beaux jours devant elle en Chine, mais autant que partout dans le monde, les chinois en ont besoin.

Entretemps, la médecine traditionnelle chinoise se perd de plus en plus et reste timidement présente aux côté de nos médecines. Elle est pourtant si intéressante dans son approche (que nous ne maîtrisons pas assez pour vous en parler…), qu’on aurait tort d’en faire fi (ça on peut tout de même l’assurer). 

EDUCATION 
Nous avons discuté avec des enfants à l’école chinoise.  A 9 ans, ils doivent connaître 2.500 caractères des 8.500 à 10000 que maîtrise la moyenne des adultes. Les enfants de cet âge en mémorisent 16 par jour, dans son sens et sa calligraphie... une montagne pour nous, mais pour eux aussi. Tout l’alphabet n’est qu’expressions d’idées d’images et jamais des assemblages de lettres comme chez nous. Il faut donc tout mémoriser... Cela se fait dans un système d’enseignement martial, à la baguette et au détriment de ceux qui éprouvent des difficultés. Le taux d’abandon autour des 14 ans est préoccupant.  Entretemps, les parents mettent souvent leur enfant sous une pression folle pour qu’il poursuive une scolarité normale. Il n’est pas rare de voir les enfants faire leur devoirs jusqu’à 0h ou 1h du matin. Anouck a pas mal discuté avec un enfant de son âge à l’école en Chine et elle n’aurait pas voulu être à sa place. A contrario, cet enfant hallucine des ambiances dans les classes chez nous et sourit envieux, quand on lui explique qu’il existe des enseignements alternatifs chez nous. 

EN CONCLUSION 
La Chine est un pays en perpétuel changement et à découvrir de visu plutôt qu’à travers les médias à sensation qui feront toujours facilement affaires des différences marquées de mentalité et dans les mœurs entre eux et nous. Nous reviendrons encore pour comprendre le pourquoi tout cela… est si différent de chez nous. La province du Yunnan et ses habitants ont été un énorme coup de cœur pour nous dans ce voyage et nous retournerons de ce côté-là, mais dans une autre Chine cette fois !








2 commentaires:

  1. Salut les amis,
    Le temps file à tout allure, on pense souvent à vous sans jamais prendre le temps de vous écrire et puis ce soir on se dit, cette fois on prend le temps. Nous venons de lire votre bilan après 8 mois de périple, çà fait rêver biensûr et çà nous donne surtout l'envie très forte de vous revoir et de partager avec vous cette expérience unique. D'ici là nous vous souhaitons de profiter à fond de vos dernières semaines de voyage, de rencontres de l'autre, de moments intenses avec vos filles. Bravo a vous pour votre authenticité et votre audace.
    Au plaisir de vous retrouver.
    Vinciane et Christophe

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    1. Coucou les p'tits loups, quel plaisir de vous lire. On sera aussi ravi de vous retrouver et de reprendre du bon temps avec vous. On vous embrasse très très fort et d'ici nos retrouvailles, prenez bien soin de vous !

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