L'important n'est pas de nous déplacer mais bien de nous élever. Nous voulons traverser la dernière

samedi 8 juin 2013

Le lac Inle et son ethnie Intha, un joyau du Myanmar

Il est 4h30' ce matin-là. Nous sortons du bus complètement épuisés, après une nuit karaoké jusqu'à 3h30 du matin dans ce bus assis, et un voyage entrecoupé de pauses incessantes obligeant tout le monde à sortir du bus et donc de son sommeil.
Nous nous remettons au lit jusqu'à 12h avant de démarrer deux jours de récupération.  Autour de nous à Nyaungshwe le village calme plaît aux filles.  Elles ne voudront plus le quitter. Le lac n'est pas loin mais nous mettrons 2 jours avant de l'entrapercevoir... nous ne sommes pas pressés...

1er et 2 ème jour: repos, cérémonie bouddhiste et école.

Nous nous réveillons au son d'une musique qui nous perce les tympans, tant les instruments et la soliste émettent des sons stridents.

Notre curiosité nous pousse du lit au coeur d'une cérémonie durant laquelle une vingtaine d'enfants deviendront novices et entreront au monastère en fin de journée.  Les Birmans nous invitent de suite à fêter cela avec les familles et les enfants.

On se croirait dans une fête de confirmation version bouddhisme. Les enfants sont apprêtés tout de blanc pour la séance photo et insistent pour que nos filles y participent.

Dans un autre coin du temple l'orchestre et la soliste font danser une femme qui invite les filles intimidées à la rejoindre.

A l'extérieur, les familles mangent et nous invitent encore à les rejoindre.


Où donner de la tête, les couleurs, les sourires et les sons sont partout.



Nous quitterons un instant pour notre petit déjeuner 
et rejoindrons encore pour ce magnifique moment où les enfants sont déshabillés 
et revêtus des habitats et équipements de moine.


Ce soir-là, nous allons au théâtre de marionnettes. Une tradition ancestrale en Birmanie.

Aujourd'hui, seuls les touristes assistent encore au spectacle.  Nous le vivrons en toute intimité, entouré du marionnettiste et de trois copains touristes. Le spectacle de 30' est une prouesse en fait.

Certaines marionnettes sont articulées par 18 fils. Elles enchaînent les saltos et cumulets. D'autres que nous ne verrons pas danser possèdent 60 fils...





3 ème jour: Ballade à vélo.

Nous partons en vélo à 7h30' le matin, en direction du marché de Maing Thauk.  Le marché est haut en couleurs. Nous captons des moments de vies insoupçonnés.

Il se met à pleuvoir et ceci rend au tableau une animation hors du commun. Le monde s'arrête quelques minutes, les femmes allument un cigare et on attend comme tout le monde que le temps passe.

Puis les uns repartent à  pied, les autres à vélo, d'autres encore en calèche ou en char à bœuf et les derniers par bateau.



Ici on sert la "noodle soup".

Ici on fume, devant le rideau de pluie...





































C'est aussi le bon moment pour se ravitailler avant l'après-midi. On s'arrêtera dans un petit resto de rue à deux pas de -là.

En début d'après-midi, nous visitons un orphelinat du coin (voir l'article). Nous décidons ensuite de traverser en bateau, pour rejoindre l'autre rive du lac et rentrer par une autre route.





C'est notre première rencontre avec ce lac dont on nous a tant parlé.  Nous ne serons pas déçus, le spectacle est unique !









Nous rentrons donc par l'autre rive, toujours à vélo, sous un soleil de plomb.  Il fait chaud mais la brise nous tient éveillés sur les vélos.

La ballade en vaut la peine.  Partout les gens nous dévisagent.  Un homme viendra même sentir la crème solaire qu'Arnaud répand sur les bras des filles, lui demandant ce que c'est.

Au bout de 11km de vie paisible au rythme des Birmans, nous retrouvons le petit port animé du village où nous logeons.







La journée est haute en découvertes. Cette fois, on se sent (comme les filles), vraiment au Myanmar !


4ème jour: Visite du lac en bateau.

C'est toujours depuis le petit port que nous embarquons à 7h30 sur un bateau pour une journée à la rencontre de l'ethnie Intha.

Ils viennent du sud et quand ils ont quitté leurs territoires au 12ème siècle, arrivés sur le lac Inle, comme les Shan occupaient déjà les berges, ils se sont installés sur le lac, avec leurs talents d'artisans, dans des maisons sur pilotis plantées au milieu de jardins potagers conçus de toute pièce, et leur technique unique au monde de pagayer.






Les filles sont ravies et chantent toute la journée sur le bateau.  Elles apprennent à chaque étape de l'excursion et tombent encore un peu plus sous le charme du Myanmar... il ne manquerait d'ailleurs plus que ça, tant le charme de cet endroit est fou !

En une heure, nous rejoignons In Dein, son marché et ses pagodes.  L'endroit est très préservé voire oublié quand on s'éloigne de 20 m du chemin principal.  Des centaines de stupas datant de plusieurs siècles nous attendaient dans une végétation luxuriante. C'est la jungle ici et ça nous rappelle quelques bons moments passés à Angkor!

 

Nous reprenons le bateau et sommes accostés en route par les marchandes de babioles. Nous voilà sur un mini-market flottant... Mais très vite nous rejoignons les artisans fabriquant les bijoux. Les filles accompagnent la fabrication,  depuis l'argent trouvé dans la terre, au bijou serti.  Une première pour elles, et pour nous aussi !

 


Manon et Camille observent, tandis qu'Anouck collectionne, saphir (500USD), perle, rubis (400USD), jade etc...

Nous reprenons le bateau et croisons ces pêcheurs à la rame et à l'ouvrage en même temps.
L'ethnie a développé cette pratique endémique, pour pouvoir faire avancer leur embarcation dans très peu de fond, sans enliser la rame dans les algues, tout en gardant la meilleure vision sur la profondeur de l'eau en restant débout et en continuant de travailler les deux mains au filet.
Le lac est agité. Quelques touristes et des marchands et commerçants, des écoliers, des pêcheurs encore et puis sa faune, des oiseaux partout !







Nous rencontrons plus loin les tisseuses.  Le textile est de la soie, du coton et des fibres extraites de la fleur de Lotus.  On ne trouve le tissage de cette fibre de Lotus qu'ici au Myanmar.  Le résultat 100% naturel, donne l'aspect d'un tissu en lin.
Les femmes habillent les filles de mille couleurs, cela nous donnent l'envie de tout acheter.  Ca ne nous était plus arrivé depuis le marché de Luang Prabang.  Mais comme d'habitude, fidèle à notre devise, nous refusons de nous encombrer pour éviter plus de poids dans nos deux uniques sacs à dos.




Les filles se distraient encore en se perdant dans le travail sur les métiers à tisser.


Et nous remontons dans notre embarcation, dérivant à travers les nombreux villages flottants et animés du lac. 

On ne se lasse pas du spectacle qui défile sous nos yeux éblouis par la lumière!

Nous débarquons dans une fabrique de bateau.  2500 USD la pièce confectionnée par cinq hommes pendant un mois de travail sur ces rondins de bois de teck.

Nous retrouvons la technique haïtienne de coupe des planches dans les troncs géants.



 














 Ils sont beaux, si gentils et si musclés les Birmans.  Les filles en sont toutes convaincues !




Stop ensuite par une fabrique de cigares.

La plupart des Birmans fument d'énormes Cherwoods quand ils ne machonnent pas le bétel mélangé à la chaux (bonjour les dégâts dans les dents et jusqu'au fond des poumons!).

La feuille est cueillie à l'arbre. On y roule du tabac mélangé à de l'anis, du tamarin, un jus de fruit délicieusement épicé et cela donne un cocktail "fumablement fumable"...

Nous l'avons goûté pour la plus grand horreur des filles qui nous suppliaient d'arrêter de peur de nuire à notre santé.


























Alors qu'Anouck nous supplie de cesser, Camille et Manon comptent les (rares) petits ronds de fumée qui s'envolent dans l'air parfumé.

Nous continuons notre route à travers les jardins potagers cette fois.  Les paysans récoltent les tomates. Ils en sont d'ailleurs les uniques producteurs pour tout le pays plusieurs mois durant l'année.
Les potagers sont construits de toute pièce. Des amas d'algues et de terre extraite du fond du lac sont arrimés à des pieux fixés dans l'eau peu profonde.
Ici, on récolte aussi les courges, les salades et d'autres légumes en tous genres.  Ils sont embarqués sur des barges qui manoeuvrent habillement à travers les canaux pour rejoindre les marchés de la terre ferme.




















 Nous reprenons la route au fil de l'eau.

Suivons les barges, croisons les pêcheurs de retour à la maison,


comme ces écoliers un premier jour d'école après 3 mois d'congé

Nous visitons un monastère et les filles en profitent pour frapper la cloche de trois coups.
Dans une arrière salle, les hommes collent des feuilles d'or pure sur la statue d'un Bouddha.

















 








Nous quittons le lac ce jour-là sur de belles images encore.



5ème jour: Rencontre fortuite et inédite avec le maître de chai du plus grand vignoble d’Asie du sud-est… 

Nous partons à vélo depuis la guesthouse, en direction du sud-est, pour rejoindre à 15’, le vignoble de « Red Mountain Estate ».

Les vélos sont très basiques et sur les routes cabossées, Manon et Camille souffrent la douleur en équilibre sur les portes bagages. 

Nous arrivons dans un endroit magnifique qui surplombe le lac que l’on aperçoit à quelques kilomètres de là. Les filles sont frappées par la beauté des paysages. Autour de nous les vignes et des montagnes basses. Le tout couvert d’un tapis, aux verts changeant à chaque éclat du soleil qui s’en va et revient derrière les nuages blancs.  

Nous entrons à peine dans les ateliers et tombons par hasard sur le maître de chai qui nous offre le privilège de nous ouvrir les portes de la cave... Nous sommes plongés dans 15C° de température (pensons un instant à la Belgique…) et ne lâcherons pas notre hôte, le plombant de questions sur la production et l’évolution du pays.  Il est français et, reposant sur un sérieux background professionnel dans le domaine, il a lancé ici tout le projet de A à Z. Il nous raconte la construction en 2003, les premières vignes venues d’Espagne et plantées en 2005, la première récolte en 2008 et la première commercialisation en 2010.  
Aujourd’hui, les 75 hectares de vigne et les 15 variétés de vins qu’il produit, font de ce vignoble le plus grand d’Asie du sud-est.   Un projet d’extension est en cours mais rien n’est facile.  Tous les équipements sont importés comme les cépages d’Espagne, les bouteilles et capsules de Chine, les équipements d’Italie etc. Si les agréments pour l’import prenaient 3 mois pour être délivrés, depuis peu, cela ne prend plus qu’une semaine. Le pays avance nous explique-t-il. C’est très lent, mais tout était planifié depuis longtemps selon ce qu’ont dicté les astrologues (tiens, les revoilà, on en parlait dans notre premier article). 
Ce ne serait donc pas tant en raison de la pression internationale (dont se targue nos politiques) que le pays s’est récemment (2010) ouvert, mais bien d’avantage par les prédictions des astrologues, et puis la pression des plus grands businessmen du pays qui pressaient le gouvernement de s’ouvrir vite à d’autres partenaires commerciaux et politiques que la Chine et les Indiens desquels ils en avaient marre.   Comme c’était dicté depuis longtemps, en 2008 il y eu donc ce référendum, bidon ! (Là où le cyclone Nargis avait violemment frappé quelques jours auparavant, le taux de participation atteignait les 99%...). Mais peu importe pour le régime. 

C’était dicté par les astres, il fallait faire ce référendum et une nouvelle Constitution.

En 2010, des élections partielles (bidon !) ont eu lieu. Mais peu importe, c’était dicté ainsi par les astres et il fallait y procéder.  Le premier ministre était élu d’avance, les lois sont votées sans débat et lendemain des résultats, Aung San Suu Kyi est libérée et le pays s’ouvre un peu plus encore (ouverture des frontières au tourisme). En 2012, elle est autorisée à se présenter officiellement aux élections et c’est une victoire pour elle et son parti. Le LND siège alors au parlement, entouré d’anciens généraux, mais aussi d’un bon nombre de députés jeunes et diplômés de Singapour par exemple, qui semblent avoir bien la tête sur les épaules et de belles ambitions pour le pays. Aujourd’hui, dans ce processus d’ouverture rapidement commencé il y a à peine 2 ans, le gros chantier législatif tourne autour de l’ouverture du Myanmar aux investisseurs étrangers autres que les Chinois et les Indiens.  Ça ne saurait tarder. Mais à l’heure actuelle, les investisseurs étrangers sont encore très peu nombreux. Ce vignoble n’est d’ailleurs que l’affaire d’un Birman. Mais l’ouverture du pays au tourisme est une excellente chose pour eux étant donné que leur clientèle est exclusivement étrangères (les touristes dans les hôtels) et non birmane, trop pauvre encore pour pouvoir troquer sa consommation d’alcool fort, contre du vin. 
Notre hôte ajoute que le vin est d’ailleurs un bon indicateur de développement d’un pays. 
Là où la "middle class" est plus aisée, la consommation d’alcool fort diminue dans le pays au profit du vin (Cfr. la Chine et sa "middle class" en plein essor, en même temps que la consommation de vins français et de bières belges). Le propriétaire est donc un homme d’affaire et politicien birman Phao et les 150 employés majoritairement (à 80%) de la même ethnie contre 20% d’autres ethnies comprenant alors le personnel qualifié et diplômé. Il possède le vignoble parmi d’autres projets comme une cimenterie, quatre hôtels de luxes et des mines de saphir dans le nord (à l’arrêt pour le moment en raison des conflits armés du nord). Ici, pas de saphir, mais chaque année les vins sont récoltés entre février et mars. La taille est faite en avril avant les pluies de juillet à septembre durant lesquels les vignes sont aussi traitées. Une taille a lieu encore vers octobre avant la saison sèche et l’arrivée des raisins en février prochain. Les vins blancs et rouges qui y sont produits sont de toute grande qualité. Leur Chardonnay 2011 a gagné la médaille de bronze à Paris sur le concours du meilleur vin du monde.  
Nous avons succombé à une dégustation pour un moment inoubliable dans ce décor hors pair. Après le Sauvignon blanc sec de 2011, on a gouté le rosé d’Inle sec de 2012, puis le Chiraz rouge sec 2013 et enfin le Red  Mountain Estate, un rouge sec de 2009… On s’est encore offert un resto cuisine française digne de ce nom comme une cerise sur le gâteau ! On n’avait plus bu et mangé ainsi depuis plus de 8 mois… On en apprend des choses à travers le vin… mais quoi qu’il en soit, la population est encore blessée et méfiante, les anciens généraux reconvertis en hommes d’affaires ou politiciens, et si le pays avance, personne ne présume aujourd’hui, d’un avenir facile pour le Myanmar!


Dernier coup d'oeil sur le lac avant de quitter Inle...

 Ca y est, nous partons pour Bagan et ses 2000 pagodes.
Bye Bye les amis de la Mingalar inn guesthouse!
Merci pour votre attention et les nombreux fou-rires!

















3 commentaires:

  1. C'est très beau tout ça... Profitez au maximum
    Par ailleurs, on vous attend impatiemment pour avoir des nouvelles bien fraîches...

    Marie-Paule Nz.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Marie-Paule, un très grand merci pour ton petit message. Je souhaite souvent que tout se passe bien pour vous tous et je serai aussi content de vous retrouver ! Belle continuation d'ici-là ! Arnaud

      Supprimer
  2. C'est vraiment superbe, tout cela ! Vos enfants vous remercieront plus tard de les avoir emmenés en voyage comme ça, c'est vraiment quelque chose d’exceptionnel. Elles apprennent beaucoup de choses ainsi.

    RépondreSupprimer

Fais-nous un clin d'oeil, c'est tout simple et ça fait plaisir !